84 Rapport du 29 mai 1928 par le chef du bureau des mœurs; Pol14-18 420 et procès-verbal du 18 septe On se demande souvent pourquoi les femmes qui ne font pas partie de réseaux et nont pas de proxénètes ne décident pas de sortir de la prostitution au bout dun moment. Je me rappelle de lune dentre elles qui me disait que la prostitution est une prison qui lui avait tout pris : son estime delle-même, sa confiance dans les hommes, sa santé mentale. Nombre dentre elles souffrent dailleurs de stress post-traumatique : Faut-il aller vers un modèle comme celui de la Villa Tinto, à Anvers, où une centaine de femmes se relaient jour et nuit dans la plus grande maison close de Belgique? 47Une caricature de Stadler publiée dans le livre de Hirschfeld montre une autre réalité de la prostitution en temps de guerre. En échange dun pain, une femme se laisse tapoter les seins par un soldat dapparence plutôt désagréable mais bien nourri. Cest la précarité qui est régulièrement évoquée dans la littérature contemporaine comme cause première de la prostitution. Le chômage, la cherté et la rareté des produits alimentaires sont des réalités. Entre juillet 1914 et septembre 1918, le prix dun œuf a été multiplié par quatorze, celui dun kilo de farine par trente, celui dune chemise par douze. Aussi bien les observateurs étrangers que les Belges partagent une pensée que le docteur Bayet, néoréglementariste actif avant la guerre, résume ainsi : Cela ne me paraît pas étonnant, pour moi qui sais que la misère crée la syphilis. La misère nest jamais assez générale pour quil ny en ait pas qui aient de largent alors que dautres ont faim. Dans ces conditions, la femme qui a faim se vend. Cela se voit en temps de paix, a fortiori en temps de guerre et cest ce genre de femmes qui, à beaucoup près, est le plus dangereux. Les archives semblent confirmer cette opinion, même si les exemples concrets sont plutôt rares. Ainsi une servante de Nivelles qui est licenciée après avoir travaillé pendant trois semaines, se retrouve au sens littéral du terme à la rue. Ne dénichant pas un autre emploi, elle est réduite à se prostituer. Dans le quartier de la gare du Nord, ces jeunes filles sont visibles. On le sait, ça se voit, mais cest surtout la nuit, parce que la journée ce sont dabord les titulaires du bail qui travaillent, constate Marie qui travaille comme prostituée à Saint-Josse depuis une vingtaine dannées. Alors la nuit, quand vous passez, ce sont des très jeunes filles en vitrine. Je ne peux pas dire moins de 18 ans, je ne sais pas mais en tant que femme je vois que ce sont des jeunes filles. Séance 19 mai 1924, Bulletin 1924 1925, p 822. Pigalle, documentaire de 109 min réalisé en 2006 par Le bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir PS, veut interdire la prostitution sur sa commune au nom de la lutte contre la traite des êtres humains. Est-ce la même chose?Pour Pag-Asa, la prostitution nest pas synonyme de traite des êtres humains. Ni pour la loi, du reste. Les personnes qui viennent à Pag-Asa sont des victimes de traite des êtres humains telles que définies par le code pénal. Il revient au magistrat de référence-il y en a un par arrondissement judiciaire-dévaluer chaque situation et de trancher sil sagit ou non de traite des êtres humains. Une étude est menée actuellement à Schaerbeek par des chercheuses de luniversité de Gand pour évaluer les conditions dans lesquelles vivent les femmes nigérianes prostituées. Souvent, elles ne se considèrent pas comme des victimes, parce que le travail leur semble ok, quelles en acceptent les conditions, quelles croient que cest normal de donner la plus grande partie de leurs rentrées à leur Madame et surtout parce quil ny a pas dautres solutions à leurs yeux. Quand elles réalisent que ce nest pas normal et quon leur explique ce que cela signifie être victime de la traite des êtres humains, elles sont soulagées. Pour démarrer une procédure daide, il faut accepter trois conditions, imposées par la loi Un. Ne pas avoir de contacts avec les auteurs présumés, dont elles redoutent la violence ou quils exercent des représailles sur des membres de leur famille Deux. Coopérer avec la justice et la police, ce qui nest pas facile, mais nous les soutenons dans toutes les démarches Trois. Accepter dêtre accompagnées pendant un certain temps par Pag-Asa. Ces jeunes femmes sont sous lemprise de rituels vaudou ; elles ont signé une sorte de contrat avant de quitter le Nigéria et ont peur, si elles désobéissent à leur Madame, quil leur arrive quelque chose à leur famille ou à elles-mêmes. La police a mauvaise réputation dans leur pays et, donc, elles ne font pas facilement confiance à nos policiers. Le travail-clé de Pag-Asa consiste justement à reconstruire cette confiance en elles-mêmes et en autrui.Peut-on espérer mettre fin à la traite des êtres humains en éradiquant la prostitution?Malheureusement, aucun des modèles expérimentés, que ce soit dans les pays scandinaves, en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas, na mis fin à la traite des êtres humains. Mais les études démontrent que là où le travail du sexe est encadré, les travailleurs se sentent plus en sécurité. Près de la gare du Nord, il y a aujourdhui beaucoup dagressions verbales et physiques, moins de la part des maquerelles que des clients et des passants. Un grand sentiment dinsécurité règne dans ce quartier, quon y vive ou quon y travaille. Dans le quartier chaud dAnvers, les travailleuses du sexe se plaignent moins dinsécurité verbale ou physique. Le travail y est plus encadré, la police y est fort présente. Mais on manque de recul pour en déduire que le système fonctionne mieux à cause de cela. La criminalité est peut-être simplement mieux cachée.Est-ce légitime pour un bourgmestre de vouloir chasser les prostituées de sa commune?Si lon veut éradiquer la prostitution, il faut offrir une alternative aux travailleuses du sexe. Où vont-elles aller? Comment vont-elles gagner leur vie? Si elles souhaitent vendre des services sexuels, où peuvent-elle le faire en toute sécurité? Si elles souhaitent changer de travail, quelle alternative demploi leur offre-t-on? Les policiers, aussi, souffrent de la situation actuelle, car le règlement de la prostitution, quand il existe, varie dun bout de rue à lautre, avec des priorités différentes. Cela rend les choses compliquées.Il existe pourtant une instance, la Région de Bruxelles-Capitale, qui a la sécurité dans ses attributions..En effet, Bruxelles Prévention Sécurité BPS essaie de réunir les différentes communes et dharmoniser les approches. Au niveau de la prostitution, de nombreux acteurs de terrain, dont Pag-Asa, plaident pour une approche commune du travail du sexe, au plan administratif et policier, sur tout le territoire bruxellois. Le chaos actuel fait du Quartier Nord une zone grise, une zone dombre. Avec le soutien de la Région Bruxelles-Capitale et de lEgalité des chances 73 Procès-verbal du 18 septembre 1918 par le bureau des mœurs; Pol14-18 420, AVB; souligné par laut Un mode de vie uniforme au service des oppressions.. Une nouvelle vague féministe en quête dun destin imprévu du monde-04112019 A Bruxelles, des prostituées à 5 euros venues du Nigeria-JT 19h30-18012018 Cest un véritable scandale, il ny a pas dautre mot. Des mineurs dâge de 14 à 16 ans sont prostituées. Elles vendent leur corps, parfois pour moins de 5 euros. Elles seraient une centaine en Belgique. Elles viennent du Nigéria. Are you not a robot? Click on the button to continue: Im not a bot Continue. Prochaine escale : Kaliente, où lon sert toute la journée de la garantita ou karantita. Cest lun des premiers commerces du coin à servir cette spécialité algérienne salée et, comme cest une première pour moi, autant vous dire que jai hâte. Beaucoup lorgnent le modèle anversois. Nous, à Espace P, ne sommes pas contre le principe, mais nous considérons que ce type de lieu doit coexister avec dautres solutions daccueil pour lactivité. Le bourgmestre de Liège a voulu fermer les vitrines du centre-ville et trouver dans un Eros Center une alternative unique. LEros Center na pas vu le jour et au final, les vitrines ont été fermées. Le résultat, cest plus de précarité pour les travailleuses du sexe: dix ans plus tard, nous en constatons encore les effets sur le terrain. Lancien bourgmestre de Seraing a voulu faire de même. Il apparaît que lEros Center sérésien ne verra pas le jour non plus, mais, heureusement, entre-temps, le nouveau bourgmestre envisagerait plutôt laménagement du quartier des vitrines. Cette solution nous semble tout à fait humaine et à même de rencontrer des objectifs tant sociaux que sécuritaires. A Saint-Josse, depuis des années, on évoque de manière récurrente la création dun Eros Center. Ce que nous craignons, cest loption du tout-à-lEros-Center. Car tous les projets que nous avons vu émerger semblent toujours chapeautés, de près ou de loin, par un pouvoir communal qui veillera bien légitimement à ce quaucun travail au noir ne sinstalle sous son contrôle. Or, les personnes les plus précaires sont rarement en ordre de statut. Ces personnes, si lEros Center est la solution unique pour travailler avec pignon sur rue, seront de facto des proies offertes à la pègre, qui se chargera de les faire travailler plus discrètement, au prix fort bien sûr. Voir Natalia Hirtz et Chedia Leroij, Grève et mobilisation des prostituées du quartier des carrées, dans Gracos, Grèves et conflictualité sociale en 2018 I. Mobilisations transversales, 2019. Bien que les politiques locales en matière de prostitution soient largement abolitionnistes, Anvers sest dotée depuis 2008 dun plan de gestion radical, qui sest traduit par le réaménagement de son quartier chaud et le refoulement de nombreuses prostituées dans la clandestinité. Les vitrines homologuées de la fameuse Villa Tinto sont lillustration la plus frappante de cette volonté de rendre la prostitution gérable et contrôlable par les autorités. Mais de leur propre aveu, cette politique ne résout pas tout. Car en plus dune affluence peu enviable, ce tourisme entraîne des problèmes pour les habitants de la ville : nuisances sonores nocturnes, voitures garées nimporte où et trafic de drogue. Dans ce reportage signé de la RTBF, les autorités font savoir quelles sont décidées à réagir. A lire aussi Mais Ecolo dénonce la précipitation de la mesure, qui aurait été prise sans concertation avec les associations de terrain. Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für das Halbjahr Februar-April 1915; Rep. 89 H-32456; Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für die Zeit vom August-Okoter 1915, Rep. 89 H-32457; GehStarch. PK; Verwaltungsbericht des Verwaltungschefs bei dem Generalgouverneur in Belgien für das Halbjahr Februar-April 1915; R1501-19455, BarchB; Halbjahresbericht für die Zeit vom 1. Februar bis 31. Juli 1917 Gouvernement von Brüssel und Brabant; HS-2261, BayHStA. Lettre du 4 mai 1915 par Lemonnier à Gerstein; Pol14-18 420, AVB. Certes, des efforts ont été consentis par la ville. Les lieux ont bénéficié dun rajeunissement grâce à un contrat de quartier et la rue des Commerçants a désormais un nouveau plan de mobilité réduisant la pression automobile. Une caméra de surveillance a également été placée dans le but de réduire la criminalité. Nempêche, la prostitution est toujours bel et bien présente. Ces trois points montrent la limite de notre concept. Sans statut pour les prostituées, on pourrait dire quAnvers et les concepteurs jouent avec la légalité. Ils pourraient même être accusés de proxénétisme. Or, ce nest pas du tout le cas, explique George Vos, un des gestionnaires. Cest une profession où on vit dans la peur. On ne sait pas ce qui nous attend dans la chambre. Certains changent totalement de comportement, ils y deviennent violents, voire menaçants. Jai déjà eu un couteau sous la gorge et un de mes poignets foulé. Il y a deux ans, une collègue a été tuée. On lui a coupé les quatre membres. 95 Extrait de l Écho de la presse du 5 janvier 1916; Pol14-18 420, AVB.